Baptisée «Mémoire 1.6», cette création à l’occasion du prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main, est un clin d’œil à la mémoire dans tous ses états :

- Mémoire archives. Le classement papier versus le stockage dématérialisé des données, d’où le 1.6 qui évoque à la fois le l’univers informatique et les 16 boîtes d’archivage du meuble
- Mémoire du patrimoine. La volonté de revisiter une pièce de mobilier traditionnel pour en donner une lecture résolument contemporaine
- Mémoire des savoir-faire. Fruit de l’héritage et de la transmission des techniques de fabrication, ce travail s’inscrit dans la pure tradition de l’ébénisterie d’art.

Meuble mémoire par excellence, particulièrement utilisé au 19ème siècle dans les offices notariaux et les cabinets d’avocats, le cartonnier s’est d’emblée imposé, comme une évidence, au centre de cette réflexion. Cette variation contemporaine s’appuie sur l’idée de transformer sans pour autant toucher aux fondamentaux du cartonnier.

Il s’est agi de proposer une nouvelle version de ce meuble de classement et d’archivage en conservant son caractère pratique et fonctionnel mais en le libérant de son esthétique administrative. La finalité étant de réaliser un meuble, emblématique de la double appartenance de l’art et de l’usage, un meuble qui soit véritablement l’écrin de la mémoire.

« Mémoire 1.6 » se caractérise par une apparence de simplicité dans son architecture générale. La sobriété de la façade est rehaussée par la suggestion d’une courbe qui se dévoile en fonction de l’orientation du regard. Par ailleurs, j’ai concentré mon travail sur l’exploitation des correspondances entre les lignes, les différents matériaux et les jeux de lumière, devenant ainsi les principaux éléments ornementaux du meuble. En fonction de son exposition, la façade s’anime en théâtre d’ombres et de lumières, dont les boutons en forme de tête de léopard y tiennent le premier rôle.

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